Le 3 septembre dernier, sous l’impulsion de Philippe Verdier, France 2 a mis en place un nouvel habillage pour ses bulletins météo. Une belle occasion d’aller découvrir l’envers du décor et d’assister à la construction d’un bulletin météo de A à Z.
Elle régit notre humeur. La plupart du temps elle détermine le choix de notre tenue. Elle constitue le sujet phare des discussions à la machine à café. On peut la louer ou la maudire pendant nos vacances. Pour les agriculteurs et les marins, elle revêt une importance capitale… Il s’agit bien sûr de la météo !
L’évolution des bulletins révolutionne le métier de journaliste météo
Si les bulletins météo existent depuis plus de 60 ans à la télévision française (première diffusion en décembre 1946), ils ont beaucoup évolué au fil du temps, des technologies et des modes de vie. En effet, ils ne délivrent plus seulement le temps qu’il va faire. Actuellement, les bulletins peuvent expliquer un phénomène climatique, afficher la qualité de l’air, montrer les impacts de foudre… Ils se déclinent en météo spéciales comme la météo des plages ou la météo des neiges. Le bulletin météo s’est enrichi. Il est devenu plus complexe. Conséquence : le métier de journaliste météo est désormais un véritable métier d’experts, de professionnels polyvalents touchant au graphisme, à l’informatique, à l’écologie… Sans oublier qu’il s’adresse à des millions de téléspectateurs, qui eux ne sont pas des spécialistes en la matière, le journaliste est en proie à un véritable exercice d’équilibriste. Beaucoup de paramètres à gérer pour celui qui n’a que deux minutes pour faire passer son information.
Le bulletin météo de France 2 : 95 % de préparation, 5 % de présentation
Immeuble de FranceTélévisions. Nous suivons Philippe au 2è étage où se trouve le bureau du service météo composé de Nathalie Rihouet, Myriam Seurat, Valérie Alexandre, Isabelle Martinet…. et Philippe Verdier, désormais seul représentant de la gent masculine. Laurent Romejko ayant rejoint France 3. Les cinq journalistes météo de la chaîne se partagent en alternance ce même bureau. Un trieur vertical pour le courrier en atteste.
11H. Installé devant plusieurs écrans, Philippe poursuit la préparation du bulletin de ce dimanche midi. Sur l’écran principal, il dessine ses cartes du jour. D’un mouvement de souris, il place les lignes de front et les icônes. Elles matérialiseront le soleil ou les nuages. Pour ce faire, il utilise un logiciel spécifique à France 2. « Ce logiciel nous sert à la création graphique des cartes et c’est aussi une aide à la réalisation virtuelle : tout le décor a beau être virtuel, grâce à ce logiciel relié à la caméra automatique, quand on zoome dans l’image, on conserve les proportions. Le rendu est plus fluide et plus dynamique » nous explique Philippe. Sur le même principe, il construit les cartes de la semaine, se basant sur les informations faxées par Météo-France quelques heures plus tôt. Si Météo-France apparaît comme le référent en matière de météo, il fournit beaucoup d’informations et des cartes plutôt brutes. Ainsi, en sa qualité de journaliste, Philippe consulte donc des sites internet spécialisés (infoclimat…) et croise les informations pour compléter ensuite son discours à l’antenne. Coup de fil au service dédié aux médias de Météo-France, pour un ultime point sur l’évolution du temps avant le tournage. Dernières tendances, des cumuls de pluies sont annoncés. Une alerte météo sera-t elle donnée ? Cela vaudra t-il une intervention en plateau lors du 13h ? Voilà ce dont il est question. « Le dialogue avec le prévisionniste permet de valider les cartes que l’on conçoit. On apporte toute la finesse graphique pour qu’elles correspondent au mieux à la tendance météo. En informations générales, ils ont l’AFP, nous on a Météo-France ! (rires) ».
Les cartes dessinées, Philippe les intègre dans son conducteur qui servira à leur diffusion depuis la régie. Il créé ensuite les images et les textes qui viendront illustrer le fait météo du jour. Puis, il ajoute l’image, choisie parmi une gamme définie, qui donnera l’illusion d’un ciel en temps réel. Le tout doit tenir sur une timeline de deux minutes ! Le journaliste météo créé tout lui même. « A France 2 et à France 3, nous sommes très attachés à réaliser nos cartes nous-mêmes, et à être polyvalents. Cela fait partie du travail de rédacteur et nous permet de nous approprier le bulletin. A l’enregistrement, je n’ai ni besoin de texte ni de prompteur. Si cela paraît facile c’est qu’on a travaillé à le préparer, à le concevoir trois heures plus tôt. 5 % de mon travail, c’est la présentation, 95 %, c’est la préparation en amont. » déclare Philippe.
Tout est fin prêt. Le réalisateur du jour, Damien Pirolli, un ancien des matinales de BFM TV, comme Philippe, vient faire le point avant l’enregistrement. C’est depuis la régie qu’il pilotera l’affichage des cartes. 11h45, coup de fil à la maquilleuse pour s’annoncer et on quitte le bureau. Direction la régie et les studios.
Afin de comprendre comment tout cela fonctionne, direction le grand immeuble de FranceTélévisions à Paris pour une plongée dans les coulisses du bulletin météo de France 2 avec Philippe Verdier.
Le tournage en deux minutes chrono !
Un ascenseur nous entraîne deux étages plus bas. A ce niveau se trouvent le studio de Télématin, la loge de maquillage, et la régie qui va enregistrer le bulletin météo et diffuser quelques minutes plus tard le 13H de Marie Drucker. Philippe passe au maquillage. Un peu de fond de teint. Nul besoin de travailler la coiffure. En 5 min l’affaire est réglée. Il rejoint ensuite la régie pour s’équiper de son micro. Les choses vont vite. Le 13H est en direct, pas le temps de s’attarder.
11h57 le studio. Deux étages plus haut, ce n’est autre qu’une petite boite verte du sol au plafond qui nous fait face. C’est donc tout le décor qui est virtuel ! Au mur, des écrans de contrôle pour aider le présentateur à trouver ses marques. A droite, une caméra automatique et un technicien chargé de garder un œil sur le chrono. Rappelez-vous deux minutes, pas plus ! Avant l’enregistrement, une répétition. Philippe prend place au milieu du plateau. Avec ce vert, il semble flotter. Il se lance dans l’essai du son… en récitant quasiment le bulletin qui va suivre. On sent la maîtrise ! L’enregistrement du bulletin va commencer. Retour en régie pour suivre l’exercice.
12h05 la régie. L’agencement est assez classique. A droite le mur d’images et les consoles aux mille boutons. Dans le prolongement des consoles, le cadreur. Il pilote la caméra automatique. Dans le fond, la prise de son. Et sur la gauche la partie enregistrement… sur K7 HD. Tout le monde est prêt. C’est tout au plus une dizaine de personnes qui est mobilisée pour ces deux minutes de tournage. Sur un des écrans, on retrouve le conducteur réalisé par Philippe, qui servira à la diffusion. Le décor est assigné à la caméra robotisée. 12h06 l’enregistrement commence. Le mélangeur envoie les annonces, le générique et les cartes. La machine est bien rodée. 12h08, c’est terminé. Une seule prise. « Il faut vraiment se connaître car il y a une petite latence entre le plateau et la régie. On doit suivre les paroles et les gestes de Philippe pour envoyer les cartes. » nous confie Damien Pirolli, l’un des quatre réalisateurs à alterner pour les bulletins météo. A peine l’enregistrement fini, on retrouve Philippe en régie venu se séparer de son micro. Puis, une halte au démaquillage. Le tournage fut bref, mais sans stress. La mécanique est bien huilée.
Making-of en vidéo
La météo, une affaire de passion
Si le présentateur météo est seul sur son plateau devant une caméra automatique, le message qu’il émet est suivi par des millions de téléspectateurs. Les pics d’audience se produisant bien souvent, après le 20H de France 2. « La météo est une thématique qui a une relation particulière avec les gens. C’est un thème que les gens s’approprient car c’est moins abstrait que de parler d’économie. » précise Philippe. Il faut dire que l’intérêt des téléspectateurs pour la météo peut aller bien au-delà du temps qu’il va faire le lendemain. Regardez-vous seulement le temps qu’il va faire chez vous ? N’avez-vous jamais une pensée pour votre famille, vos amis, en regardant le temps qu’il va faire chez eux ? Une alerte météo dans le département où habite un proche lui vaut sans doute un appel de votre part. Bref on peut dire que la météo joue comme un rôle de lien social, non ? Aussi l’aspect humain est-il important dans ce métier. Une voix-off, par exemple, ne peut pas montrer une région sur la carte. Et lorsque l’on connaît la relation conflictuelle entre les français et leur géographie…
Le présentateur est aussi là pour rassurer et conseiller. Bien souvent, ce sont des passionnés. « Lors d’un mariage, une connaissance me reconnaît et me demande ce que je vais faire après présentateur météo. Souvent les gens perçoivent la météo comme un tremplin pour faire autre chose. Mais non ! Je reste sur le tremplin ! La météo est une spécialité dans le journalisme. Je n’aspire pas à faire autre chose. Si je devais changer ce serait pour faire de la météo ailleurs sous une autre forme » nous confie Philippe Verdier. Resté connecté via son smartphone aux alertes météo, il les diffuse aussitôt sur son compte Twitter. Une réactivité que pourrait bientôt développer FranceTélé sur les plateformes comme Francetv info.
Les bulletins météo évoluent souvent, celui de France 2 ne fait pas exception et va continuer de suivre le mouvement. Le lancement du nouveau décor, va faire l’objet d’une étude qualitative d’ici quelques mois. Et la prochaine rentrée pourrait bien voir apparaître de nouvelles cartes. A suivre…
Merci à Philippe Verdier et Damien Pirolli, pour leur accueil et leur disponibilité.
propos recueillis par Damien D. et Nathalie L.
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