Nouvelle venue dans l’équipe de la météo de France 2 cette saison, Chloé Nabédian s’est très vite adaptée à sa nouvelle antenne. Après deux ans et demi d’i>TÉLÉ, plus qu’un changement de chaine c’est aussi un changement de dimension et de rythme pour la journaliste météo. Entretien.
Chloé, vous êtes la dernière arrivée au service météo de France 2, et vous êtes déjà bien à l’aise à l’antenne de votre nouvelle chaîne. Comment s’est passée votre intégration ?
Je suis plutôt de nature timide, et j’avais assez peur au début d’arriver dans une grosse machine et de ne pas y trouver ma place. Mais j’ai eu un accueil juste extraordinaire de Nathalie Rihouet ! Elle m’a accompagné pas à pas en me présentant tout le monde au service météo. J’ai été reçue avec beaucoup de chaleur, de bienveillance. Cela fait très plaisir ! La rencontre avec les équipes techniques et les journalistes s’est également très bien passée. Du coup, je me suis adaptée en quelques jours seulement, alors qu’il m’avait fallu beaucoup plus de temps sur i>TÉLÉ. Cela m’a rassurée et j’en suis ravie.
Après deux ans et demi sur i>TÉLÉ, qu’est ce qui vous a motivé à rejoindre France 2 ?
On en peut pas dire non à une chaîne comme France 2 ! Rejoindre une chaîne aussi importante et fédératrice, c’est une chance que l’on n’a qu’une fois dans sa vie..Le bulletin météo est suivi en moyenne par 4 à 5 millions de personnes ! Nathalie Rihouet a, en plus, réussi à me convaincre de rejoindre son équipe pour construire quelque chose avec elle autour des bulletins météos avec de réelles perspectives.
Entre France 2 et i>TÉLÉ, quelles différences constatez vous dans la façon de traiter et de préparer les bulletins météo ?
Sur i>TÉLÉ j’étais un peu toute seule et en roue libre. Cela avait ses avantages, car j’ai pu développer plein de choses. Mais au bout de deux ans et demi, j’avais vite atteint les limites et j’avais envie de pouvoir partager des choses avec mes collègues. Là, à France 2, quand j’arrive le matin et que je vois les « prévis » [ndlr : les prévisionnistes] très enthousiastes devant une photo d’aurore boréale, je ne suis plus toute seule à sourire dans mon coin, ça fait plaisir ! (rires) Le milieu est très professionnel à France 2, j’ai vraiment l’impression de monter d’un très net cran, et que les possibilités sont infinies ! L’élaboration des bulletins est très importante pour la chaîne et cela se ressent tout au long de la chaîne de production. Nous avons un prévisionniste de Meteogroup intégré au service, cela n’existe pas ailleurs à part France 2 et France 3, et c’est un luxe énorme ! Il est là toute la journée avec nous, il re-travaille les cartes, il nous appuie lors des interventions en plateau… Nous travaillons en binôme avec lui. Je retrouve là un peu le travail que je faisais sur La Chaîne Météo. La démarche de France Télévisions et de France 2 en particulier est de densifier ce service en lui donnant de l’importance tout en délivrant une vraie information derrière.
Du côté du rythme, cela ne doit plus rien à voir avec celui d’une chaîne info continue ?
A i>TÉLÉ, il y avait beaucoup de travail en début de journée pour la préparation des bulletins, ensuite c’était plus diffus. Alors que là, à France 2, c’est un vrai travail de production des bulletins météos aussi bien sur le fond que dans le graphisme des cartes, et ce du matin 8h au soir 19h voir 21h s’il y a des interventions en plateau. Nous sommes producteurs de nos bulletins météo, on l’éditorialise complètement. Du coup, nous avons chacune nos bulletins personnalisés.dans lesquelles on peut apporter notre patte.
Anaïs Baydemir, Valérie Maurice, Nathalie Rihouet, et vous même… cette saison, c’est une équipe 100% féminine qui est en charge de la météo de France 2…
Oui ! Nous sommes une équipe d’amazones à la météo ! (rires) Nathalie Rihouet a vraiment voulu ça et je trouve qu’elle a eu raison parce que nous sommes très complémentaires toutes les quatres. En plus, lors de son arrivée à la tête du service météo, Nathalie a mis en place des créneaux bien identifiés pour chacune d’entre nous. Ainsi Nathalie et Valérie interviennent dans les « Télématin », Anaïs et moi pour tous les 13h et 20h. La démarche éditoriale est différente à chacune de ces tranches parce que ce n’est pas le même public. Cela permet de fidéliser également les téléspectateurs.
« Les français attendent une information météo aboutie qui permet de comprendre ce qu’il se passe »
Désormais quelle que soit la chaîne, les contenus des bulletins météo comme les responsabilités du journaliste météo se sont élargis. Comment appréciez-vous cette tendance ?
La météo est en train de se densifier considérablement. Nous ne faisons plus la météo comme il y a 20 ou 30 ans. Nous ne nous contentons plus des cartes seules et des prévisions. Les français attendent une information météo aboutie qui permet de comprendre ce qu’il se passe. A l’heure où l’on parle de plus en plus de réchauffement climatique, de connexions entre les phénomènes météo et le climat, les téléspectateurs ont besoin d’avoir des clés de lecture..Nous pouvons être amenés à parler d’astronomie, d’aurores boréales aussi… Quand je vois mes confrères sur BFMTV, sur i>TÉLÉ, toute cette nouvelle génération fait de l’information météo à part entière, et ce sont des journalistes qui se spécialisent dans le domaine de la climatologie. C’est la transition logique de notre métier.
Justement, puisque le métier évolue et que les thématiques vont au delà de la météo, comment vous « mettez vous à jour » par rapport à cela, par des formations spécifiques ?
Nous ne sommes pas omniscients, nous apprenons tous les jours. C’est le propre du métier de journaliste. Nous travaillons nos sujets comme n’importe quel autre journaliste. Évidemment nous nous formons au climat, à l’environnement. Nous participons à des colloques ainsi qu’à divers événements. Et nous rencontrons aussi des experts et spécialistes sur de nombreux domaines. Après, à nous de construire et d’enrichir notre culture en parallèle par des recherches, des lectures etc. De ce fait, nous pouvons ensuite potasser au maximum nos sujets, qui sont souvent techniques et requièrent une certaine maîtrise et du savoir-faire pour les rendre les plus pédagogiques et simples possible. Parler d’un phénomène climatique en 15s est impossible sans ces compétences, et c’est un réel challenge ! Mais j’ai eu un maître en la matière : Michel Chevalet. Il a marqué toute une génération. Quand je me retrouvais avec lui en plateau sur i>TÉLÉ, j’étais juste bluffée ! Il arrive à rendre d’une simplicité incroyable des choses d’une grande complexité, en re-situant même parfois le contexte historique. J’espère un jour pouvoir arriver à faire 1/100è de ce qu’il parvient à réaliser..
Aux États-Unis comme en France, d’importantes échéances électorales sont à venir, et d’un côté de l’atlantique comme de l’autre l’environnement, le climat, sont absents des débats, alors que la COP21 a encore récemment fait l’actualité. Les politiques n’ont ils pas pris la mesure des problématiques environnementales et de leurs impacts sur la société et son fonctionnement ?
C’est là qu’on se rend compte que parfois ils utilisent la question environnementale pour faire de la politique politicienne et non par idéologie. Alors que la COP21 a été un tournant capital, voir un rétropédalage de certains politiques c’est vraiment étonnant. On se demande pourquoi ils tiennent ce discours aujourd’hui alors que lors de la COP21 on a réussi à fédérer tant de pays. C’est dommage. Et ce serait catastrophique qu’ils ne prennent pas la mesure de cet enjeu primordial. Ce devrait être une question centrale pour 2017. J’espère que cela finira par s’inviter dans les débats au cours de la campagne. Le réchauffement climatique a déjà des conséquences et ça se ressent beaucoup sur certaines îles de Polynésie française, où l’habitat comme les activités humaines sont d’ores et déjà menacées. C’est une réalité, les choses changent et il faut s’y adapter et donner les moyens de le faire. Le travail journalistique est de montrer ces changements, et les façons dont les choses évoluent, l’adaptation et les innovations dont font preuve les sociétés face à ces conséquences.
Merci Chloé !
par Damien D.
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