Selon « Le Point », Météo-France va connaître une restructuration d’ampleur avec la suppression d' »à peu près 50% »* de ses centres départementaux à partir de 2011 pour n’en conserver qu’une « grosse quarantaine »*. Ceci afin de s’adapter aux modernisations technologiques…mais dont l’intérêt financier n’est pas loin. Evoquons ce sujet avec Philippe Verdier, journaliste météo de BFM TV.
Philippe, que vous inspire cette restructuration de Météo-France ?
Proche des équipes de Météo France depuis longtemps, évidemment l’annonce tombe comme un couperet pour une partie du personnel. Ce sont des gens sincères, souvent passionnés. Dans le même temps, les méthodes et les conditions de travail ne peuvent plus se concevoir de la même manière depuis la généralisation d’Internet qui fluidifie les échanges de données. Météo-France peut garantir ses services en bénéficiant d’une modernisation.
L’alibi de mise à niveau technologique est-il suffisant pour justifier la fermeture de tant de centres ? Météo-France ne figure t-elle pas déjà parmi les meilleurs services météos ?
Cela ressemble au débat général sur le service public. Lorsque l’on ferme un bureau de poste dans un village déserté, une ligne régionale de train peu fréquentée. La tendance mondiale converge vers une explosion de la population des villes dans lesquelles vivront plus de la moitié de la population dans 20 ans. Le maillage des stations doit privilégier les zones peuplées et se concevoir de manière plus raisonnée dans les régions à faible densité.
La météo influençant la vie de tout le monde, tous les jours, moins d’humains dans son analyse et son étude, est-ce dangereux ?
Chaque matin avant d’allumer mon ordinateur, je sors, regarde le ciel, respire. J’apprécie qu’en amont de la chaîne, Météo France en fasse autant. Le tout numérique dans la météo est un non sens. Toutes les richesses des moyens d’observation et de calcul des données n’est valable que par l’intervention de l’homme. La météo doit être validée, expertisée, traduite.. Météo France est le restaurant 3 étoiles pendant que les fournisseurs d’informations low-cost font des pizzas.
Estimez-vous que cela aura un impact sur votre travail, en matière de vérification ou confrontation des prévisions avec d’autres sources, plus poussées, par exemple ?
Pour la prévision pas vraiment. Pour les données observées, naturellement cela aura un impact. Cela restera performant mais risque d’être plus grossier. Même si de nombreuses données d’observateurs éclairés sont disponibles sur le web, je ne les exploite sur l’antenne de BFM TV qu’après avoir échangé des avis avec les équipes de Météo-France.
Merci Philippe !
*(propos du PDG de Météo-France, Pierre-Étienne Bisch)
Propos recueillis par Damien D.
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